LE VENDREDI 10 DECEMBRE 2021 AUX ATELIERS DES CAPUCINS, BREST (29)
Proposition de Drom et la FAMDT dans le cadre du festival NoBorder en partenariat avec Le Quartz, scène nationale et Bretagne(s) World Sounds.
Lorsque nous cherchons à présenter les musiques d’une aire culturelle donnée, nous nous appuyons quasi spontanément sur les airs que nous pensons les plus connus, ces « tubes et standards » partagés par toute une communauté.
C’est précisément ce lien que le colloque « Tubes et standards, trahison ou reflet des musiques de tradition orale » initié par Drom, dans le cadre du festival No Border, entend interroger. Quels sont les enjeux liés à la constitution et à la valorisation de ce type de répertoire, que l’on pourrait qualifier d’« emblématique », à des fins artistiques ou/et pédagogiques ?
10h00 INTRODUCTION GÉNÉRALE
Emmanuel Parent, maître de conférences à l’université de Rennes 2
Une introduction globale à ces questions — nature du « tube », lien aux musiques « traditionnelles » - sera présentée par Emmanuel Parent à partir d’exemples issus de sa pratique de chercheur autour des musiques noires américaines.
10h30 PARTIE I : Faut-il jeter les tubes ?
Modération : Françoise Dastrevigne, professionnelle des musiques du monde
Le tube emprunte aux conventions musicales les plus en vogue pour dépasser les frontières, esthétique et « communautaire », de son aire d’écoute habituelle.
Il permet ainsi de faire connaître à tout un public non spécialiste une musique issue d’une culture aux caractéristiques musicales spécifiques. De par sa construction, il se trouve forcément à une distance plus ou moins grande de la culture d’où il provient : il peut en proposer une véritable caricature comme en refléter les spécificités originales.
Intervenants :
Evelyne Girardon, chanteuse et arrangeuse des chansons de la tradition orale en français
Robert Le Gall, compositeur-arrangeur-multi-instrumentiste
Philippe Krümm, auteur et journaliste, ethnomusicologue et organologue
Sylvain Girault, Chanteur, musicien, auteur, compositeur (artiste témoin NoBorder)
11h50-13h00 PROJECTION : “Whose is this Song ?”
Film documentaire de Adela Peeva (Bulgarie), en VO sous-titré français (2003)
Quelle ne fut pas la surprise d’Adela Peeva de découvrir qu’une chanson qui avait bercé son enfance et qu’elle croyait bulgare était également chantée en Grèce, en Macédoine, en Turquie, en Serbie et en Bosnie. Voulant en savoir plus, et animée par l’espoir naïf que cette chanson pourrait servir de trait d’union entre ces peuples qui s’entre-déchirent depuis toujours, elle sillonne l’aire balkanique, sollicitant musiciens, chanteurs ou experts reconnus pour trouver d’où vient cette fameuse chanson aux nombreux noms : Usküdara, Katibim, Ruse kose curo imaš, Terk in America, Anadolka, Mu në bashtën tënde, Ya Banat Iskandaria… Tous, à quelques rares exceptions, revendiquent cette chanson comme étant traditionnelle de leur pays. Les discussions sont envenimées, et prennent parfois même une tournure politique.
14h30 PARTIE II : Du tube aux standards
Modération : Erik Marchand, chanteur et directeur artistique
Cette table ronde pose la question d’un répertoire commun voire emblématique qui permette aux apprenants et mélomanes néophytes d’aborder les spécificités musicales d’une esthétique.
Qu’ont donc ces pièces d’emblématique ? Sont-elles les mêmes que celles qu’apprécie le public plus ou moins averti au sein d’une communauté (à l’échelle d’une nation ou d’une micro-région) ? Ces standards sont-ils constitués à partir des pièces majeures, le répertoire emblématique que tel ou tel pédagogue a identifié ou sont-ils l’écho des airs en vogue à un instant t dans une communauté donnée ?
Intervenants :
Naïma Huber-Yahi, spécialiste de l’histoire culturelle des artistes algériens en France
Eric Desgrugillers, chanteur du répertoire traditionnel du Massif Central
Youenn Lange, chanteur du répertoire traditionnel breton
Craig & Denise Schaffer, chanteurs du répertoire traditionnel géorgien (artistes témoins NoBorder)
16h00 PARTIE III : Quand l’instrument se met à chanter
Modération : Philippe Janvier, sonneur et enseignant en musiques traditionnelles
Cette table ronde abordera l’interprétation instrumentale des sources chantées. En Bretagne et dans de nombreuses autres régions du monde, les sources, les standards identifiés sont, dans la grande majorité des cas, des sources chantées. Les musiciens, s’ils veulent en respecter les caractéristiques, sont donc confrontés aux contraintes organologiques de leur instrument et à l’analyse, consciente ou non, qu’ils font de ces sources.
Comment la prosodie, l’échelle modale, les variations de couleur d’un couplet à l‘autre se retrouvent-t-elles dans le jeu instrumental ?
Peut-on aller jusqu’à l’élaboration de protocoles garants de cette transmission qui fournissent en quelque sorte les clefs d’écoute ?
Intervenants :
Laurent Bigot, sonneur et ethnologue
Henri-Tournier, flûtiste spécialiste de la musique classique d’Inde du Nord
Marthe Vassallo, chanteuse du répertoire traditionnel breton
Romain Baudoin, vielleux du répertoire traditionnel de Gascogne
Jean-Michel Veillon, flûtiste du répertoire traditionnel breton
Caroline Dufau, musicienne et chanteuse du répertoire traditionnel occitan (Artiste témoin Noborder)
17h30 RESTITUTION ET CONCLUSION
Par Emmanuel Parent et Erik Marchand
17h45 IMPROMPTU MUSICAL
Par Romain Baudoin